Les ingénieurs de service : piliers de l’efficacité et de la sécurité des systèmes électromécaniques routiers et d’éclairage

Les ingénieurs de service jouent un rôle crucial dans l’amélioration de l’efficacité et de la sécurité des systèmes électromécaniques routiers. En collaborant étroitement, ces professionnels mettent en commun leurs connaissances pour développer des solutions électromécaniques et d’éclairage plus performantes, contribuant ainsi au développement des villes intelligentes.

Vincent Huguelet est directeur de Léman Engineering SA, un bureau d’ingénieurs suisse spécialisé dans la conception et la planification de systèmes électriques et d’éclairage pour de grandes installations. Dans cette interview, il nous explique les défis de son métier, tout en démontrant l’importance de développer des relations proches et solides avec ses clients.

Vincent Huguelet, pouvez-vous me parler des activités de Léman Engineering SA ?

Léman Engineering SA est un bureau d’ingénieurs dans le génie électrique, un secteur extrêmement large qui concerne aussi bien la lumière, les tableaux électriques, les prises, la vidéosurveillance, etc. Nous sommes spécialisés dans l’électromécanique routière et dans l’éclairagisme extérieur, tout en gardant toujours une vision globale du secteur. En tant que bureau d’ingénieurs électriciens, nous sommes soumis à la SIA 108 pour les services.

Quelle est la mission de l’entreprise ?

Nous cherchons à rendre un ouvrage au plus proche des besoins du maître d’ouvrage, en incluant ce dernier tout au long du processus.

Quels sont les secteurs d’activité principaux dans lesquels vous intervenez ?

Nos principaux secteurs d’activités sont l’électromécanique routière et l’éclairagisme extérieur. Nous avons également les compétences pour intervenir sur des constructions plus traditionnelles, même si les acteurs sont plus nombreux dans ce secteur. En effet, construire une autoroute ou un immeuble est électriquement assez similaire.

De qui sont composées vos équipes ?

Nous sommes quatre collaborateurs au total. L’équipe est composée d’ingénieurs et de techniciens/brevetés possédant une vision pluridisciplinaire. Si chacun a son domaine d’expertise, il est essentiel d’avoir une vision élargie de son activité afin de pouvoir répondre au mieux aux besoins des projets. Ainsi, un spécialiste de l’installation de panneaux photovoltaïques doit avoir des compétences en distribution d’énergie et dans la sécurité des chantiers. De la même manière, celui qui fait de l’éclairage extérieur doit aussi connaître l’informatique, l’électronique, les systèmes de gestion, l’électronique et les systèmes de communication, entre autres.

Qui sont vos clients ?

Notre principal client est l’État. Il peut s’agir des différents offices de la Confédération, des cantons et des communes. Nous collaborons parfois
avec d’autres bureaux d’ingénieurs et effectuons de la sous-traitance ou des partenariats lorsque nous travaillons sur des projets nécessitant une expérience multidisciplinaire. Nous répondons à des appels d’offres et nous en établissons également, cela dépend du type de projet de de notre rôle.

Quelles sont les différences entre bureau d’ingénieurs, bureau d’étude et bureau technique ?

Le bureau technique est le spécialiste de l’entreprise. Le technicien d’entreprise connaît tous les outils vendus par sonentreprise sur le plan  technique, la façon dont ils communiquent et la façon dont ils fonctionnent. Quand il répond à une offre, il développe la technique de son matériel pour répondre aux besoins du maître d’ouvrage.

Le bureau d’étude est davantage orienté dans des études spécifiques. Les collaborateurs d’un bureau d’études vont majoritairement faire du conseil et du consulting. Ils ne prennent pas de responsabilités, c’est le maître d’ouvrage qui décide de ce qu’il faut faire.

Au contraire, le bureau d’ingénieurs agit sous la supervision d’un diplômé d’ingénierie, avec des normes qui impliquent une série de règles à respecter. Cela peut aller du niveau de détails de l’offre, d’une neutralité exigée, d’un devoir de représentation du maître d’ouvrage, d’un devoir d’annonce, jusqu’au besoin d’archivage. Un bureau d’ingénieurs apporte donc une vision pluridisciplinaire sur un projet et un cadre normé sur les responsabilités. Si le titre d’ingénieur n’est pas protégé en Suisse, l’exercice de la profession l’est. De plus les bureaus d’ingénieurs sont soumis à une convention collective de travail, obligatoire dans certains canton.

Quelle est votre définition d’une smart city ?

Il s’agit d’un concept assez nébuleux aujourd’hui, qui est devenu très à la « mode » mais qui est également assez générique. Par définition, une smart city est une ville intelligente et efficiente. Selon moi, cela signifie qu’elle regroupe toutes les synergies pour ses habitants. Cela peut concerner la facilitation des procédures de demandes de permis de construire ou d’obtention d’une attestation d’habitant, le renouvellement de sa carte de  déchèterie de façon optimisée et facilitée, la digitalisation des processus, etc.

Il s’agit aussi d’inclure, dans le même système informatique, toute la vision des techniques qui gèrent la ville. Par exemple, en ce qui concerne la gestion des flux de circulation, il faut réussir à harmoniser et optimiser la circulation routière, la gestion des feux et des parkings, l’arrivée des trains, le tout en fonction de la densité de circulation. Pour l’éclairage, il est question d’adapter la luminosité en fonction de la tranche horaire, de la circulation, de la saison, des écoles, etc.

Finalement, il s’agit d’un outil complet qui intègre différentes techniques pour fournir un produit polyvalent et efficace pour l’utilisateur final, tout en ajoutant des dispositifs informatiques et potentiellement de l’intelligence artificielle.

Venons-en à vos domaines d’activités. En quoi l’électromécanique routière est-elle essentielle pour les
infrastructures modernes ?

Du tunnel, l’usager remarque surtout le gros oeuvre : le goudron, les parois, l’état de la route, etc. À côté de cela, il y a de nombreux éléments que l’on ne voit pas toujours mais qui sont pourtant essentiels pour la sécurité. Ils permettent et maintiennent l’exploitation de l’ouvrage d’un point de vue technique. Parmi eux se trouve ce que nous appelons l’électromécanique, qui constitue le second oeuvre d’une installation routière. Elle comprend notamment les éléments de secours, tels que les détecteurs d’incendie et les détecteurs de chaleur, la vidéosurveillance et la radiocommunication qui explique comment se comporter lorsqu’un incident intervient, la communication pour les secours, le natel qui continue
de fonctionner ou encore la ventilation.

Quels sont les principaux défis rencontrés dans ce domaine ?

Le premier est l’évolution technologique. Le matériel que nous avons installé il y a dix ans et qui est toujours en fonction doit être compatible avec les équipements que nous installons aujourd’hui. Nous faisons face à une interconnectivité générationnelle des technologies et des métiers qui doivent fonctionner ensemble, ce qui signifie que nous travaillons avec de l’ancien pour faire du neuf par-dessus ou à côté.

Dans le même temps, nous devons assurer la sécurité et la pérennité des installations. Si nous prenons un équipement qui a tout juste été introduit sur le marché, nous ne savons pas s’il est suffisamment protégé et sécurisé pour le mettre en oeuvre. Cela nous oblige à effectuer une veille technologique constante et à garder une certaine latence dans le temps pour juger quels sont les meilleurs aménagements à proposer au maître d’ouvrage.

Une autre difficulté concerne les conflits d’utilisation des systèmes de sécurité. Malgré la complexité des installations, il faut réussir à les faire travailler ensemble. Par exemple, une caméra devra s’allumer si le capteur d’incendie détecte de la chaleur. Finalement, il faut faire en sorte que différents dispositifs réussissent à communiquer ensemble sur un système plus général, le tout avec des ordres de priorisation.

Quels sont les critères à prendre en compte pour un éclairage extérieur efficace ?

Un éclairage efficace est un éclairage qui répond à un besoin. Aujourd’hui, nous cherchons en effet à éclairer que ce qui a besoin d’être éclairé. Si auparavant, on illuminait tout ce qui pouvait l’être, la vision politique et environnementale a depuis changé. Nous aspirons en effet à protéger l’environnement et à faire des économies de matériel. Si l’on prend un exemple, éclairer une route de forêt à une heure du matin n’est pas nécessaire, tandis qu’un parvis de gare à la même heure est tout à fait pertinent. Le rôle de l’ingénieur est donc de proposer une stratégie d’éclairage adéquate pour la commune, la ville ou une route. Il faut définir le minimum d’éclairage à atteindre, tout en limitant les nuisances pour la faune, la flore environnante et les riverains.

Si nous avons beaucoup parlé de la route, ce type de technologies s’applique également aux équipements sportifs, un domaine dans lequel nous cherchons à nous développer. Dans le cas de l’éclairage d’un terrain de foot, le but n’est pas d’éclairer les maisons alentours ni les routes. Il faut  rouver le moyen d’éclairer uniquement le terrain, tout en évitant la gêne pour l’environnement. La même logique s’applique à l’éclairage du clocher d’une église, où il va falloir laisser des coins d’ombre pour ne pas déranger les chauves-souris par exemple.

Quelles sont les technologies d’éclairage les plus utilisées actuellement pour les espaces extérieurs ?

Nous installons presque exclusivement de la technologie de type LED. Parmi cette dernière, les platines de LED sont particulièrement prisées. Il s’agit d’un ensemble de plusieurs petites LED disposées sur une seule platine et qui éclairent une surface donnée grâce à des optiques. Quelques fournisseurs commencent également à revenir aux fondamentaux de la lumière en choisissant des LED un peu plus puissantes et en jouant avec les réflecteurs qui orientent le flux lumineux. Ces installations d’éclairage sont de plus en plus souvent agrémentées de capteurs qui permettent la régulation de la luminosité.

Il essentiel de prendre en compte les nouvelles législations obligatoires, car certains types de matériaux ne sont plus proposés sur le marché, tels que les lampes au mercure et au sodium qu’il faut remplacer par des LED.

Comment votre entreprise met-elle en oeuvre une approche de proximité dans vos projets ?

La relation client est essentielle. Le maître d’ouvrage est au centre du projet, une relation de proximité s’installe donc entre celui-ci et les ingénieurs. Ensuite, la géolocalisation joue un rôle important. En Suisse romande, le domaine de l’éclairage compte très peu d’acteurs dans les prestations de services. Le fait de choisir des bureaux locaux, et non pas basés à l’étranger, participe à créer du lien entre tous les acteurs. Vis-à-vis des communes, nous sommes actifs dans des activités de conseils car nos interlocuteurs ne sont pas forcément du métier. Nous soutenons également des  ssociations et participons à des événements locaux.

Pouvez-vous donner des exemples de projets concrets que vous avez menés ?

Nous travaillons actuellement sur un projet d’installation de panneaux photovoltaïques aux abords des autoroutes, des tunnels et des ponts romands. Ces emplacements, dont la Confédération est propriétaire, sont propices à l’installation de panneaux. C’est pourquoi le bureau participe à l’établissement d’une stratégie à moyen et long terme sur l’utilisation potentielle de ces terrains.

Nous avons également été mandaté pour travailler sur l’éclairage d’un passage piéton situé sur une route franchissant une forêt grâce à une installation autonome. Il s’agit de trouver la bonne technologie d’éclairage qui permette de protéger le piéton, de ne pas le confondre avec un animal et de ne pas éblouir le conducteur. Ce projet répond à une directive du canton de Vaud qui demande de maintenir l’éclairage sur les passages piétons lorsqu’ils sont utilisés. Il s’agit donc d’un vrai défi pour les communes qui souhaitent limiter de façon conséquente leur éclairage, d’autant plus qu’aucune solution globale 100 % fiable n’est pas encore disponible sur le marché.

Interview par Léa Stocky

Retrouvez l’interview complète sur le site Focus Ingénierie

Dernières actualités

Lt CFN